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Père Jacques, un autre moine de Mar Mousa kidnappé en Syrie

Carlo Giorgi
23 mai 2015
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Père Jacques, un autre moine de Mar Mousa kidnappé en Syrie
Le père Jacques Mourad (à droite) il y a quelques années à Deir Mar Mousa avec le Père Paolo Dall'Oglio. (Photo I. Vanoni)

Le père Jacques Mourad, prêtre catholique de rite syriaque et prieur du monastère Mar Elian en la ville de Qaryatayn, en Syrie, a été enlevé hier après-midi par quatre hommes armés appartenant à un groupe fondamentaliste, alors qu'il  se trouvait dans son monastère. Depuis plusieurs mois, il partageait ses inquiétudes quant à la sécurité de la ville. Son enlèvement confirmerait l’idée, qu’après Palmyre, le fondamentalisme se propage désormais à l'ouest du site archéologique de la ville, dans des régions avoisinant Damas et Homs.


Le père Jacques Mourad, prêtre catholique de rite syriaque et prieur du monastère Mar Elian en la ville de Qaryatayn, en Syrie, a été enlevé hier après-midi par quatre hommes armés appartenant à un groupe fondamentaliste, alors qu’il se trouvait dans son monastère. Qaryatayn se situe à une centaine de kilomètres à l’ouest de Palmyre, ville qui vient de tomber dans les mains de l’État Islamique. Son enlèvement confirmerait l’idée, qu’après Palmyre, le fondamentalisme se propage désormais à l’ouest du site archéologique de la ville, dans des régions avoisinant Damas et Homs.

La nouvelle de l’enlèvement a été confirmée à la Fondation pontificale de l’Aide à l’Eglise en Détresse,  par le père Nawras Sammour, directeur du Service Jésuite pour les Réfugiés au Moyen-Orient. Le moine se trouvait avec un de ses collaborateurs lorsque deux motos se sont approché de sa voiture. Les ravisseurs ont alors saisi le véhicule, emportant avec eux le religieux.

Le père Sammour a dit à l’Aide à l’Église en Détresse que sa dernière rencontre avec le père Jacques remonte à environ deux mois. « Il était extrêmement préoccupé par la présence de fondamentalistes à Qaryatayn. Quand je lui ai demandé s’il avait l’intention de quitter – continue le père Sammour – il a  répondu qu’il ne le ferait seulement en cas de force majeure, il resterait avec son peuple ». Dans une communication récente avec quelques amis italiens, le père Jacques avait dit de son récent voyage à Alep où il visitait des parents: « J’ai échappé à la mort à deux reprises au cours des dernières années mais ce que j’ai vu à Alep, cette fois, est dramatique … La ville est assiégée et les gens ne pensent qu’à fuir ». Ces derniers jours, le père Jacques avait accueilli dans le monastère de nombreux déplacés en provenance de Palmyre, alors que la ville tombait aux mains de l’Etat islamique. Son enlèvement confirmerait l’idée, qu’après Palmyre, le fondamentalisme se propage désormais à l’ouest du site archéologique de la ville, dans des régions avoisinant Damas et Homs.

Père Jacques faisait partie de la communauté monastique de Deir Mar Mousa qui, depuis les années 90, est très active en matière de dialogue avec l’Islam en Syrie tout particulièrement. Le fondateur de la communauté, le père Paolo Dall’Oglio, a lieu aussi été kidnappé- le 29 juillet 2013 – par des fondamentalistes islamistes dans la ville syrienne de Raqqa. Personne n’a de nouvelle précise à son sujet.

Jusqu’à son enlèvement, le père Jacques est resté aux côtés de son peuple, partageant son sort souvent tragique et tenant les portes du monastère ouvertes afin d’accueillir tous ceux qui en avaient besoin. En avril 2013, nous avions recueilli son témoignage dans un moment de grand danger pour le monastère: «En plus de la pauvreté et de la faim, la destruction s’est installée dans la ville – disait alors père Jacques -. Hier, nous nous sommes retrouvés entre 800 et 900 réfugiés chrétiens et musulmans au monastère. L’électricité et le réseau téléphonique vont et viennent par intermittence. Même la nourriture et l’eau sont rares. Dans la ville, les hommes les plus en vue ou doté d’une autorité – le Mufti, le juge et moi-même – essayent de maintenir la paix, calmer les esprits ; cela n’est pas facile … Ce qui fait le plus défaut c’est la sécurité ».

La présidence de la Conférence épiscopale italienne a proposé à toutes les communautés chrétiennes de consacrer la veillée de la Pentecôte – aujourd’hui samedi 23 mai – aux martyrs contemporains, à la tragédie de tant de chrétiens et personnes dont les droits fondamentaux à la vie et la liberté religieuse sont violés. Dans ce sens, Terrasanta.net invitent tous ses lecteurs à prier également pour le père Jacques Mourad, le père Paolo Dall’Oglio, les deux éveques Boulos Yazigi, évêque grec-orthodoxe d’Alep et Youhanna Ibrahim, le métropolite de l’Église syrienne orthodoxe de la même ville. Des dizaines de milliers de personnes ont été kidnappées ou sont portées disparues en Syrie depuis le début de la guerre.