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Deir Rafat, un nouveau couvent vandalisé en Israël

Adélie Pojzman-Pontay
1 avril 2014
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Deir Rafat, un nouveau couvent vandalisé en Israël
Le patriarche Mgr Fouad Twal s'est rendu mardi 1er avril sur les lieux du sanctuaire vandalisé

Des inscriptions attaquant les États-Unis et insultant la foi chrétienne ont été taguées sur les murs du monastère de Deir Rafat, à quelques kilomètres à l’ouest de Jérusalem. L’inscription « price tag » et la nature des graffitis suggèrent le geste de sionistes radicaux.


(Jérusalem) – Des inscriptions attaquant les États-Unis et insultant la foi chrétienne ont été taguées sur les murs du monastère de Deir Rafat, à quelques kilomètres à l’ouest de Jérusalem.

Dans la nuit du 31 mars au 1er avril, vers 1h30 du matin, le sanctuaire dédié à Notre Dame de Palestine a été vandalisé dans le cadre de ce qui semblerait être, selon la police, une attaque dite « du prix à payer ». Une enquête a été lancée.

Deux inscriptions aux messages bien distincts ont été taguées sur les murs du complexe monastique. « Amérique = Allemagne nazie » clame le premier tag en référence certainement à la venue du secrétaire d’État américain John Kerry dans la région pour discuter de la poursuite des négociations de paix. La seconde inscription insulte gravement quant à elle la foi chrétienne.

En outre, les pneus de trois voitures et d’un camion ont été crevés par les assaillants.

Le Patriarche Latin de Jérusalem s’est rendu sur place pour constater les dégâts mardi après-midi et assurer son soutien aux trois frères et douze sœurs de la congrégation des moines et moniales de Bethléem qui animent le sanctuaire.

« Nous condamnons fermement ces actes qui ne sont pas les premiers. C’est dommage qu’un acte comme celui-ci intervienne à deux mois de l’arrivée du Pape. Cela ne créé pas une atmosphère de paix et donne une très mauvaise image de la situation, » a commenté Mgr Twal.

Deux familles arabes vivent également depuis plus de 30 ans dans l’enceinte du monastère. Rania, une jeune femme d’une trentaine d’années, raconte : « Nous nous sommes aperçu qu’il y avait des hommes masqués sur les caméras de surveillance, mais le temps que nous sortions, ils étaient déjà partis et il était trop tard pour leur courir après. »

« C’est une catastrophe, nous avons habité ici si longtemps et rien n’est jamais arrivé, c’est la première fois. Cela fait peur, surtout pour nos enfants. J’espère que la police les arrêtera, » ajoute-t-elle.

Les attaques dites « prix à payer », ou « Tag Mehir » en hébreu, sont une politique menée par les colons israéliens contre les Palestiniens en représailles de toute action qui viendrait empêcher la poursuite du mouvement de colonisation en Cisjordanie.

Le plus souvent ces agressions sont dirigées contre les villages palestiniens et leurs propriétés : destruction d’oliviers, tags insultants, jets de pierres sur les habitations et la population, incendies, vandalisme des cimetières etc. Occasionnellement, le mouvement s’est également attaqué à des biens appartenant à l’IDF (Israel Defense Forces, l’armée israélienne).

Les attaques sur les lieux chrétiens sont un phénomène récent qui prend de l’importance depuis 2012. On dénombre une quinzaine d’agressions à l’encontre de biens chrétiens depuis ces deux dernières années.

Le frère Roch Boulanger, l’un des membres du monastère, assure que la communauté reste « calme » face à cette attaque et regrette que les vandales « ne comprennent pas le message de paix du Christ ».

La communauté religieuse touchée se situe à 35 kilomètres à l’ouest de Jérusalem, à côté de la ville de Beit Jimal. Ce sanctuaire mariale a été construit en 1927 à la demande du patriarche latin de l’époque qui institua la fête de la Bienheureuse ViergeMarie, reine de Palestine, célébrée tous les ans au mois d’octobre.

Décompte des « Price Tag » comptabilisé par le Jerusalem Inter-Church Center

2014 2
2013 10
2012 5
2011 3
Total 22 attaques
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