Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Des enfants israéliens face au christianisme

Fr. Alberto Pari
30 janvier 2019
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable
Des enfants israéliens face au christianisme

Dans une école israélienne, des enfants juifs rencontrent pour la première fois un religieux franciscain.


Ma fonction de responsable du dialogue et de l’œcuménisme en Terre Sainte me conduit souvent à vivre des rencontres et des expériences que je n’aurais jamais imaginées. L’école de la custodie de Terre Sainte de Haïfa a lancé depuis quelques mois un magnifique projet avec certains chefs d’établissements israéliens. J’ai été invité à participer en tant que représentant chrétien à une matinée de dialogue dans une école juive très intéressante ; il s’agit d’une école “démocratique”, un modèle alternatif à l’éducation classique. L’éducation démocratique, d’inspiration libertaire, est une théorie qui place au centre du processus d’apprentissage la personne et non pas les notions. Dans une école démocratique, les élèves participent activement aux décisions concernant la formation et la vie scolaire. Les règles ne sont pas imposées, elles sont expliquées et partagées ; il n’y a pas de hiérarchie selon laquelle le pouvoir vient d’en haut. D’après les principes de l’éducation démocratique, l’enfant mérite de comprendre les explications dès sa toute petite enfance, et il est en mesure de le faire. C’est la personne dans toute son individualité qui est au cœur du processus d’apprentissage. L’éducation démocratique enseigne l’autonomie et l’indépendance et pousse à cultiver la confiance en soi à partir de ses propres ressources intérieures, sans chercher de motivation ni de soutien dans l’approbation extérieure. Dans les écoles israéliennes, très peu de temps est consacré à la connaissance des différentes religions : un cours sur la Torah, le Pentateuque, et sur les préceptes du judaïsme est assuré depuis la maternelle, mais rares sont les occasions de rencontrer une autre réalité religieuse.

Lire aussi >> L’école d’Acre et son engagement quotidien pour éduquer à la coexistence

L’école qui nous a accueillis est magnifique, les salles de classe sont perchées sur une colline verdoyante loin de la ville. Les espaces pour le sport et les jeux de plein air sont immenses, tout comme les laboratoires et les lieux de créativité. Toutes les classes regroupant plus de 400 élèves au total ont pu nous rencontrer et ont saisi l’occasion pour satisfaire leur curiosité en approfondissant leur connaissance d’un monde très éloigné du leur. Même s’ils avaient déjà entendu parler de saint François, au moins pour sa relation avec la nature et la création, c’était la première fois qu’ils voyaient un franciscain en chair et en os. Ils n’avaient jamais entendu parler d’un “Messie”, bien qu’ils soient juifs ; ils voulaient savoir qui était le père Noël, ce qu’on fête à Noël ; savoir comment et pourquoi Halloween est si effrayant et pourquoi les chrétiens le célèbrent. Le rabbin qui était là était le plus curieux d’entre eux, et a pu exposer le sens de leur fête de Hanoukka. Et les représentants de l’islam, deux enseignants d’une école voisine, ont expliqué le mois du Ramadan et la façon dont ils le vivent dans leur religion. Après quelques heures de questions-réponses, l’étonnement et l’engouement ont régné en maîtres dans un climat de grande sérénité et de respect, mais surtout de saine curiosité. Ils auraient aimé m’écouter pendant des heures ; d’autres invitations suivront certainement, que j’honorerai avec joie.

La journée s’est déroulée au premier jour de Hanouka, la fête qui rappelle et célèbre les grands miracles que Dieu a accomplis et continue d’accomplir… Nous ne pouvions donc pas nous saluer de manière plus appropriée, qu’en lançant ces mots qui caractérisent la fête elle-même : “Un grand miracle est arrivé ici !”♦

 

Dernière mise à jour: 05/03/2024 14:25

Sur le même sujet
Achetez ce numéro