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Appel à la démission du patriarche orthodoxe Theophilos III

Rédaction
10 septembre 2017
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Appel à la démission du patriarche orthodoxe Theophilos III
Porte de Jaffa, au départ de la manifestation contre le patriarche Théophilos, samedi 9 septembre 2017 ©MAB/CTS

Quelque 300 arabes chrétiens d’Israël se sont rendus à Jérusalem pour remettre une lettre au patriarche grec-orthodoxe Theophillos III le pressant de démissionner. Explications.


(Jérusalem/mab) – “Il est temps que cette corruption s’arrête ! ». Les manifestants du jour ne sont pas réunis sous les fenêtres du premier ministre israélien (en délicatesse avec la justice de son pays) mais sous celles du Patriarche grec orthodoxe de Jérusalem Théophilos III.

A l’appel de plusieurs organisations arabes, des chrétiens arabes orthodoxes ont fait le déplacement, samedi 9 septembre, de plusieurs villes d’Israël (Acre, Haifa Jaffa, Ramleh, Abellin, Nazareth), pour remettre une lettre au patriarche lui demandant sa démission.

Il est reproché au Patriarche Theophilos III de solder les terres et propriétés de l’Eglise orthodoxe aux Israéliens (juifs). Ces derniers mois en effet, les annonces – toujours de sources israéliennes – se sont multipliées. Ventre de la tour de l’Horloge à Jaffa, vente du théâtre antique de Césarée, vente de terrains à Jérusalem (dans les beaux quartiers de la partie ouest). Ces ventes récentes viennent s’ajouter à celles – réelles ou supposées – de Mar Elias (à la limite de l’agglomération de Bethléem), Har Homa ou Gilo. Ces dernières semaines, le procès suite à la vente présumée frauduleuse de deux hôtels en vieille ville de Jérusalem faisait également la Une.

« Ce sont les terres et les biens de l’Eglise pas celles de Théophilos et de sa clique » dit Mou’in qui poursuit : « D’après une norme interne à l’Eglise orthodoxe de Palestine fixée en 1923, le patriarcat ne peut pas décider de la vente des propriétés qu’il administre sans en référer aux conseils des paroisses élus et participatifs à la vie synodale. » Loubna poursuit : « Ces terres sont destinées à la communauté orthodoxe. Elles doivent bénéficier à nous chrétiens orthodoxes arabes. »

Le mouvement est parti de Saint-Jean d’Acre, Akka en arabe. « Le patriarcat a chez nous un terrain de 20 dounams ( 2 hectares) à côté du jardin des Bahaïs. Ces derniers se sont manifestés comme acquéreurs potentiels. Mais nous communauté de Akka, nous sommes allés voir le patriarche pour lui dire que nous avions besoin de ces terres pour construire une école, pour construire des immeubles. Cinq cents de nos enfants sont obligés chaque jour de quitter la ville pour aller à l’école en dehors à défaut d’avoir les structures sur place. Nous lui avons apporté un projet, des plans, mais rien ne bouge. »

Gladys écoute et désire ajouter. « Et quand bien même ils devraient vendre, où va cet argent ? On parle de centaines et centaines de millions, or nous ne voyons pas le moindre shekel réinjecté dans les services pour la communauté, ni les écoles ni les maisons. Rien. »

A Jérusalem de nombreuses rumeurs circulent sur le train de vie du patriarcat grec, George réagit : « Nous nous moquons des rumeurs, nous basons nos revendications sur des faits. Il y a des ventes mais personne de la communauté n’en voit les fruits et la communauté orthodoxe arabe est délaissée par ces moines grecs qui dilapident notre héritage. Où passe cet argent ?»

Les manifestants se dirigent dans une atmosphère bon enfant en portant leurs calicots et s’amusant de leurs slogans. Il stoppent devant le vers le patriarcat grec-orthodoxe hellène. C’est son nom complet depuis les premières années de l’empire ottoman. Quand des moines venus de Grèce ont pris le pouvoir sur le patriarcat orthodoxe jusque là administré par un clergé arabe. « La « Fraternité du Saint-Sépulcre »comme elle s’appelle prétend garder les lieux saints. Les moines sont indifférents au sort de la communauté arabe et à ses besoins. » dit Jacques d’un ton las.

Les organisateurs de la manifestation quant à eux se félicitent de son succès. « Nous attendions 200 personnes, mais nous sommes plus de 300. Les consignes ont été respectées et tout s’est bien déroulé. »

La manifestation s’ajoute à celles du même genre, contre les patriarches Diodoros Ier (1981-2000) et finalement Iréneos Ier (2000-2005) démissionné par son synode, accusé d’avoir vendu -frauduleusement cette fois – des propriétés du patriarcat grec en vieille ville de Jérusalem.

S’il est peu probable que le patriarche Théophilos présente de lui-même sa démission, il est certain que l’étau se resserre autour de lui et que le rythme des protestations et contestations s’accélère.