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Esplanade des Mosquées : craintes des Eglises de Jérusalem

Christophe Lafontaine
21 juillet 2017
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Esplanade des Mosquées : craintes des Eglises de Jérusalem
Musulmans en prière aux abords de la Porte des Lions à midi le 20 juillet 2017. (© Sebi Berens/Flash 90)

Dans un message du 19 juillet, les chefs des Eglises à Jérusalem disent leur « sérieuse préoccupation » quant aux tensions autour de l’Esplanade des Mosquées. Ils appellent au respect du statu quo.


La tension ne faiblit pas autour de l’Esplanade des mosquées. A ce titre, les chefs et représentants des 13 Eglises et communautés chrétiennes de Jérusalem ont condamné dans un message commun (publié sur le site du Patriarcat latin) tout acte de violence. Parmi les signataires, on compte Théophile III, Patriarche grec orthodoxe de Jérusalem, Mgr Pierbattista Pizzaballa, Administrateur apostolique du Patriarcat de Jérusalem des Latins, et le Père Francesco Patton, Custode de Terre Sainte. Aussi expriment-ils leur « sérieuse préoccupation » quant à la situation et craignent tout changement du statu quo ; cet ensemble de principes régissant les Lieux Saints dans la Vieille Ville de Jérusalem dont la fameuse Esplanade.  Le statu quo autorise les musulmans à monter à toute heure du jour et de la nuit sur ce site (3ème lieu saint pour les musulmans connu sous le nom arabe de Haram ash-Sharif), et les juifs à y pénétrer à certaines heures seulement mais sans y prier. Car l’Esplanade est également révérée par les juifs comme le lieu le plus sacré du judaïsme. Elle est bâtie sur le site du Temple juif détruit par les Romains au Ier siècle dont l’unique vestige, le Mur des Lamentations, est situé en contrebas.

Or, après l’attaque meurtrière du 14 juillet, l’Esplanade a été fermée 48h avant d’ouvrir sous décision israélienne dimanche dernier. Cependant, le Premier ministre de l’Etat hébreu, Benjamin Netanyahu a ordonné d’y renforcer les mesures de sécurité en installant caméras et détecteurs de métaux, sans consulter le Waqf, l’organisme chargé des biens musulmans sous autorité jordanienne et en coordination avec les autorités palestiniennes.

Si le Premier ministre israélien a assuré qu’il ne comptait pas remettre en question le statu quo, les représentants du Waqf dépossédés de leurs attributions pendant le week-end, ne l’entendent pas de la même oreille. Et dénoncent les initiatives unilatérales d’Israël. Ainsi, depuis la réouverture de l’Esplanade qui abrite le Dôme du Rocher et la mosquée al-Asqa, les prières musulmanes ont donc – en guise de protestation – été organisées à l’extérieur du lieu saint.

 

Prière du vendredi : test

 

Depuis cinq jours, l’atmosphère est à la mobilisation chez les musulmans et laisse craindre une nouvelle vague de violence. Les chefs des Eglises et communautés chrétiennes présentes à Jérusalem en sont bien conscients : « toute menace à la continuité du statu quo – avertissent-ils – peut porter à des conséquences graves et imprévisibles qui devraient être les moins souhaitables dans le climat de tension religieuse actuel. » En ce sens, la prière de vendredi qui rassemble en général quelque 30 000 musulmans fera figure de test. Pour mobiliser le maximum de troupes, le mufti de Jérusalem et le Waqf ont appelé à la fermeture des mosquées de Jérusalem pour motiver les musulmans à converger en masse vers la Vieille Ville et se diriger vers l’Esplanade. A titre de précaution, la police israélienne et l’armée (placées en état d’alerte) vont déployer des milliers d’hommes en renfort. Du reste, il n’est pas impossible qu’Israël décide de retirer au dernier moment les portiques de sécurité. Cela est déjà arrivé dans le passé sous pression d’Amman.

A propos de la Jordanie, les chefs des Eglises et les représentants des communautés religieuses de Jérusalem saluent avec satisfaction la « garde permanente de la mosquée d’al-Aqsa et des Lieux Saints de Jérusalem et de Terre Sainte de la part du Royaume hachémite de Jordanie, qui garantit à tous les musulmans le droit d’accéder librement (…), selon le statu quo en vigueur ». Selon eux, le système en question doit être « pleinement respecté au profit de la paix et de la réconciliation ».