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La France devient le premier foyer d’émigration juive au monde

Terresainte.net
12 septembre 2014
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L’Agence juive a révélé les chiffres de l’émigration française vers Israël : la France détient pour la première fois le record du nombre des immigrants en Israël.


(Jérusalem/n.k) –  4566. C’est le nombre de juifs ayant quitté la France pour rejoindre l’Etat d’Israël, pour la seule période qui va de janvier à août 2014.

Les chiffres révélés par l’Agence juive le 6 septembre dernier sont impressionnants. La tendance était depuis quelques années à une forte hausse des olim (juifs faisant leur aliyah, littéralement la « montée » vers Eretz Israël, la terre d’Israël), mais jamais un tel chiffre n’avait été atteint. L’an dernier déjà, on enregistrait une augmentation de 60% de juifs quittant la France (2000 olim en 2012,  3300 en 2013). Une réelle dynamique semble s’être enclenchée, au point que l’Agence juive (qui s’occupe notamment d’accompagner les olim dans leur aliyah) prévoit pour l’année 2014 le départ de 5500 juifs français.

Si ces chiffres venaient à être confirmés, cela signifierait que plus d’1% des 500 000 juifs français auraient émigré vers l’Etat hébreu. Autre comparaison significative : la France, avec les derniers chiffres révélés, devance à la fois l’Ukraine, la Russie et les Etats-Unis en terme de population juive immigrée.

Les causes qui poussent ces juifs français à émigrer sont, selon Ariek Kandel (directeur de l’Agence juive en France), au nombre de quatre : le « climat » antisémite qui règne en France depuis quelques années, l’amour de la terre d’Israël, les conditions économiques (faible espoir laissé par la situation actuelle française), et  les éventuelles retrouvailles avec de la famille déjà installée en Israël.

Ce qui est surtout souligné par les responsables juifs, c’est ce « climat antisémite » qui existerait en France.  Sont souvent évoquées les affaires Merah, Nemmouche ou Dieudonné. Plus récemment, la France a été témoin d’importantes manifestations en soutien à Gaza, durant la guerre de l’été 2014 entre le Hamas et l’Etat d’Israël.

Certains quartiers français sont d’autre part devenus particulièrement dangereux pour les juifs qui portent la kippa ou tout autre signe montrant leur judéité. De facto, le conflit israélo palestinien s’exporte facilement hors du Moyen-Orient. Il suffit d’avoir en tête que la France est le pays d’Europe où vit la plus forte population musulmane (environ 5 millions d’individus), pour comprendre que les tensions entre juifs et musulmans sont en augmentation.

Ces difficultés, qui se sont particulièrement révélées cet été en France ont poussé de nombreux juifs aisés à partir non pas pour Israël mais pour les Etats-Unis. Ceux-ci se justifient en indiquant ne pas vouloir trouver en Israël « une autre guerre » selon la chaine d’information i24. Un choix qui reste cependant « complexe ».

Cependant, la grande majorité des olim jette toujours son dévolu sur Israël. Il faut dire qu’ils sont bien aidés dans leur choix par la politique des gouvernements israéliens. Il y a en effet une forte volonté de promouvoir l’immigration juive. La raison est évidente : Israël est une enclave au sein de nombreuses populations arabes. L’Etat hébreu se trouve donc confronté à un problème démographique, nécessitant une forte immigration pour peser face au fort taux de natalité arabe. D’où les invitations pressentes, de la part du  gouvernement Netanyahu notamment, faites aux juifs en diaspora (c’est ainsi que sont considérés les juifs qui n’ont pas encore rallié « leur » terre) pour venir s’installer en Israël. D’où également les aides économiques et matérielles mises à disposition des olim dans le but de leur offrir le meilleur accueil possible.

Il existe cependant un paradoxe de taille à cette arrivée massive de juifs français en Israël. Un récent sondage (commandé par la chaine publique israélienne Arutz 2 a en effet révélé que plus d’un tiers des israéliens seraient prêts à quitter le pays s’ils en avaient les moyens. En cause, la pression quotidienne produite par l’éventualité d’une guerre, mais aussi les difficultés à trouver un emploi. Rien n’est simple…