Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

« Je me sens citoyen du monde »

Emilie Rey
10 juin 2014
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« Je me sens citoyen du monde »
Clovis aux cotés d'abouna Georges, curé des syriaques orthodoxes de Jérusalem. ©Nadim Asfour/CTS

Clovis est un séminariste franciscain, chaleureux et ouvert. Il habite à Ein Karem, au sanctuaire de Saint Jean-Baptiste. Rentré en 2009 dans l’ordre franciscain, il avait déjà effectué cinq années au Petit Séminaire au Brésil. Il a décidé de vouer sa vie à la Terre Sainte auprès de la Custodie. De la province du Rio Grande do Sul à Jérusalem : rencontre.


Clovis est un séminariste franciscain, chaleureux et ouvert. Il habite à Ein Karem, au sanctuaire de Saint Jean-Baptiste. Rentré en 2009 dans l’ordre franciscain, il avait déjà effectué cinq années au Petit Séminaire au Brésil. Il a décidé de vouer sa vie à la Terre Sainte auprès de la Custodie. De la province du Rio Grande do Sul à Jérusalem : rencontre.

Clovis, quels sont tes hobbies ? Comment occupes-tu ton temps libre ?
Je lis les Misérables ! Je lis beaucoup de romans célèbres et pas seulement de la littérature religieuse ! Je ne fais pas beaucoup de sport, pas par manque de temps mais par manque de motivation ! J’exagère un peu car je vais de temps en temps à la salle de sport et puis avec le séminaire franciscain nous avons une équipe de foot. Nous organisons même un tournoi annuel entre les différents séminaires présents à Jérusalem : Salésiens, Patriarcat, Pères Blancs… L’année dernière nous avons même gagné ce tournoi !

Justement, qui sont tes amis ici ? T’es-tu rapproché de personnes similaires ou différentes de toi ?
J’aime beaucoup rester avec mes frères franciscains, je les trouve agréables et joyeux ; ils viennent du monde entier. J’aime aussi le contact avec les autres communautés chrétiennes. Je pense que c’est très important de nouer des relations avec eux, ici nous vivons un œcuménisme pratique. Et puis il y a les amis du Brésil avec qui je suis en contact via Skype ou Facebook sans parler des Israéliens ou Palestiniens. Mon choix de vie interroge beaucoup de jeunes ; j’ai une amie israélienne et elle amène ses amis à Ein Karem, c’est une vraie ouverture sur la société israélienne, nous discutons beaucoup.

Et toi, t’intéresses-tu à l’actualité du pays, et suis-tu les informations en général ? Si oui, y a-t-il un sujet qui te préoccupe plus que d’autres en ce moment ?
Je suis intéressé par ce qui se passe autour de moi et dans les pays de ma province religieuse qui recouvre Israël, Palestine, Jordanie, Syrie, Liban, Égypte et les îles de Chypre et Rhodes. Bien que je me sente « citoyen de la Custodie » pour ne pas dire du monde, mes racines sont en Amérique latine et l’actualité de mon pays me passionne surtout la situation ecclésiale, les changements de société, l’œcuménisme…Tous les deux ans j’essaye de retourner chez les miens, pour quelques semaines.

Parle-nous des membres de ta famille. Quelles sont tes relations avec eux depuis que tu vis à l’étranger ?
J’aime me présenter comme un « gaucho » (gardien de troupeaux), car c’est la culture dans laquelle j’ai grandi. J’ai une petite sœur et ma mère ; mon père est décédé. Je partage volontiers mon expérience avec eux, on s’appelle au téléphone. J’ai toujours été encouragé dans ma démarche. Je ne le cacherai pas, il n’a pas été facile pour mes proches d’accepter mon départ pour la Terre Sainte. Je n’oublierai jamais la réaction de mon père quand je lui ai dit que je souhaitais devenir franciscain de Terre Sainte, il m’a dit avec sa simplicité de paysan : « Arrête Clovis, n’y pense même pas, ce ne sont pas des endroits pour des gens comme nous ! ». Pour eux c’était inconcevable que je puisse venir ici, je viens d’une famille très simple de paysans. Imaginez-vous que mon père a même vérifié si la Custodie existait bel et bien ! Il voulait des adresses et des numéros de téléphone avant de laisser partir son fils dans cet inconnu qui plus est pour toujours !

Quelle place a la religion dans ta vie quotidienne ?
Il me semble avoir toujours voulu être prêtre, d’aussi loin que je me souvienne. La vocation franciscaine est venue au séminaire, au contact des frères. Mon directeur spirituel au Brésil avait connu le frère Bruno Variano qui était animateur vocationnel de la Custodie et, petit à petit, j’ai découvert la Custodie de Terre Sainte. Aujourd’hui c’est notre Pape, un argentin qui me provoque et m’incite à donner encore plus de place à Dieu dans ma vie. J’aime le charisme de ce pape, c’est un modèle de vivre ensemble. J’essaye de vivre ma foi avec cette simplicité.

Et maintenant, quels sont tes projets sur le plan personnel et professionnel ?
Mes rêves ne sont pas grands, j’aime rêver de chose réalisable. Ce n’est pas que je ne rêve pas de paix ou d’amour entre les hommes mais ce que je souhaite c’est guider des pèlerins sur cette Terre, partager mon amour et ma Foi. En tant que chrétien nous avons besoin de toucher le mystère de cette terre et de la diversité de notre Église. J’ai envie d’aider ces pèlerins à prier, à admirer et rencontrer leurs frères des Églises orientales.

Pour finir et en quelques mots, que souhaites-tu à ce pays dans lequel tu habites ?
Comme beaucoup d’habitants de cette Terre, je prie pour la paix, mais la paix elle se construit d’abord dans nos cœurs et au quotidien. Il nous faut laisser de côté l’orgueil, le passé et ne pas craindre le futur. La paix est une conséquence, et elle se construit dans la confiance. Comme l’a dit le Pape durant son dernier voyage en Terre Sainte, en mai dernier : « Que le Seigneur nous aide à ne pas avoir peur du changement ». J’espère que les gens arriveront à reconnaître en l’autre ce qu’il a de beau.

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